La mise en œuvre du Care Programme for the Last Days of Life contribue à une amélioration des soins prodigués au cours des derniers jours de vie des personnes âgées hospitalisées dans un service de gériatrie aiguë. Tels sont les propos d’une équipe de recherche dirigée par notre compatriote Kim Beernaert dans The Lancet.
Chaque année, 58 millions de personnes décèdent dans le monde. La moitié d’entre elles (53%) ont plus de 60 ans. Une étude à l’échelle de la population réalisée dans 14 pays a révélé qu’entre 25 (Pays-Bas) et 85% (Corée du Sud) des gens décèdent en milieu hospitalier. Une autre étude a quant à elle démontré que plus de la moitié de l’ensemble des décès en Grande-Bretagne survenaient dans un service hospitalier aigu. Des données issues d’études antérieures suggéraient déjà que les soins prodigués aux personnes âgées en fin de vie hospitalisées dans un service aigu étaient sous-optimaux. La fourniture de soins optimaux en fin de vie représente un réel défi, dans la mesure où les personnes mourantes ont souvent des besoins complexes. Auparavant, de nombreuses initiatives avaient déjà été mises sur pied partout dans le monde afin d’optimiser ces soins en fin de vie en milieu hospitalier aigu. L’une des plus connues est le Liverpool Care Pathway for the Dying Patient (LCP).
Un groupe de recherche flamand composé de chercheurs de l’UGent et de la VUB a mis au point le programme CAREFuL (Care Programme for the Last Days of Life). Cette initiative, qui repose sur 3 programmes LCP existants (Royaume-Uni, Pays-Bas et Italie), vise à améliorer la qualité de vie des personnes âgées mourantes hospitalisées dans un service de gériatrie aiguë. Lors de la phase de développement, les chercheurs ont tenu compte des commentaires formulés à propos du LCP britannique d’origine. Ils ont également élaboré une stratégie de mise en œuvre, y compris une formation et un guide d’implémentation, ainsi qu’un instrument permettant de mesurer et d’évaluer la qualité de la mise en œuvre. Concrètement, Kim Beernaert et son équipe ont réalisé une étude en cluster randomisée et contrôlée sur des services de gériatrie aiguë d’hôpitaux situés en région flamande. L’étude s’est déroulée entre le 1er octobre 2012 et le 31 mars 2015. Les hôpitaux participants ont été randomisés entre 2 groupes, à savoir CAREFuL ou soins standard (en insu pour les patients et leur famille, mais pas pour le personnel hospitalier). Pour cette étude, 451 (11%) des 4.241 lits d’hôpitaux des services étudiés ont été inclus pour analyse, qui portait sur respectivement 118 et 164 patients des groupes témoin et CAREFuL. Le critère d’évaluation principal était le confort du patient en fin de vie (mesuré à l’aide de l’échelle CAD-EOLD – End-of-Life in Dementia-Comfort Assessment in Dying) et la gestion des symptômes (mesurée au moyen de l’échelle SM-EOLD – End-of-Life in Dementia-Symptom Management) par le personnel infirmier et les aidants proches. L’évaluation a été réalisée par le personnel infirmier pour 132 (80%) des 164 sujets du groupe CAREFuL et pour 109 (92%) des 118 patients du groupe témoin. Dans les 2 groupes, la famille/les proches aidants ont procédé à la même évaluation pour respectivement 29% et 19% des patients. Sur base des données recueillies, les chercheurs concluent que par rapport aux soins standard, la mise en œuvre du programme CAREFuL a contribué à une nette amélioration du confort tel qu’évalué par le personnel infirmier (p < 0,0001). En revanche, ils n’ont pas observé de différence significative au niveau de la CAD-EOLD évaluée par la famille/les aidants proches, ni au niveau de la SM-EOLD évaluée par le personnel infirmier ou la famille/les aidants proches. Les auteurs de l’étude indiquent qu’un suivi continu du programme reste nécessaire. Néanmoins, leurs résultats suggèrent que la mise en œuvre du programme CAREFuL peut contribuer à une amélioration des soins prodigués aux patients en fin de vie hospitalisés dans un service de gériatrie aiguë.