Le ralentissement économique et le confinement n’ont pas eu que des conséquences fâcheuses. Plusieurs études ont montré que la qualité de l’air s’était améliorée. Des chercheurs new-yorkais se sont demandé ce qui se passerait si cette amélioration était maintenue pendant 5 ans sans les coûts économiques et sanitaires liés à la pandémie.
Les chercheurs ont mis à profit l’«expérience naturelle» involontaire d’un air plus pur de Big Apple pendant les pauses forcées dues au Covid-19. L’objectif est de simuler les avantages sanitaires et économiques potentiels futurs d’une amélioration durable de la qualité de l’air d’une ampleur similaire. Ils ne présentent évidemment pas cette étude comme une estimation des avantages de la pandémie. Ils présentent plutôt ce scénario hypothétique d’air pur comme un objectif ambitieux pour les politiques visant à réduire les émissions, principalement dues à la combustion de combustibles fossiles.
Des analyses exploratoires ont montré que les quartiers comptant un pourcentage plus élevé de résidents à faible revenu ou de résidents afro- ou latino-américains avaient tendance à bénéficier proportionnellement plus de la réduction des concentrations de PM2,5 que les quartiers où le niveau de pauvreté est plus faible ou où il y a une majorité de Causasiens. Toutefois, cela ne signifie pas que la disparité des résultats de santé entre les quartiers serait éliminée dans ce scénario, car les facteurs de risque sous-jacents subsisteraient toujours. Les chercheurs mettent également en garde contre le fait que le nombre limité d’appareils de surveillance de la qualité de l’air et de données disponibles pendant la période d’arrêt a limité leur capacité à évaluer l’impact de l’amélioration de la qualité de l’air sur les disparités sanitaires entre les quartiers.
L’amélioration de la qualité de l’air pendant le confinement au printemps de la ville de New York a permis une baisse du trafic automobile estimée à 60%, ainsi que la diminution du trafic aérien, de la construction, de l’exploitation des restaurants et de la production d’électricité.
Les chercheurs ont estimé une réduction de 23% des concentrations de particules fines (PM2,5) à l’échelle de la ville pendant la période d’arrêt du Covid-19 entre le 15 mars et le 15 mai 2020 par rapport au niveau moyen pour ces mois en 2015-2018 en utilisant les données de surveillance de la qualité de l’air du Département de la conservation de l’environnement de l’État de New York. Sur la base des données de 2020, ils ont extrapolé les niveaux ambiants de PM2,5 pour une période de 5 ans. Ils ont ensuite utilisé BenMAP, un outil informatique accessible au public et soutenu par l’Agence américaine de protection de l’environnement, pour estimer le nombre de maladies et de décès évités liés à la pollution de l’air et quantifier leur valeur économique en utilisant des méthodes que les chercheurs ont mises au point lors de recherches antérieures. Plus précisément, ils ont estimé les cas potentiels évités de mortalité infantile et adulte. Globalement, le bénéfice cumulé de cette diminution de la pollution atmosphérique entre 2021 et 2025 se situerait entre 31,8 milliards et 77 milliards de dollars US.