La Semaine européenne de l’urologie met cette année l’accent sur l’incontinence, souvent associée à des dysfonctionnements sexuels chez les patients atteints de cancer de la prostate. Ces deux affections ont un impact considérable sur la qualité de vie des patients, de leurs partenaires et de la société dans son ensemble. Pour les Drs S.Ward et K.Van Renterghem , il est essentiel de mettre en avant une prise en charge intégrée et rapide de ces patients.
Les traitements du cancer de la prostate, comme la prostatectomie radicale et la radiothérapie, ont considérablement amélioré la survie des patients. Cependant, cette avancée s'accompagne d'importantes conséquences post-opératoires, telles que l’incontinence urinaire (à l’effort) et la dysfonction érectile, qui affectent gravement la qualité de vie des patients et de leurs partenaires. Entre 4 % et 31 % des patients souffrent d’incontinence urinaire de stress, tandis que les troubles érectiles touchent 6 % à 68 % des hommes ayant subi un traitement (Mykoniatis et al., 2020). Les répercussions psychosociales et physiques sur le patient et ses proches sont significatives (Van Huele et al., 2023).
Impact sur la qualité de vie
Après le diagnostic et le traitement initial du cancer de la prostate, l'attention des patients et des médecins se concentre souvent sur la survie. L’incontinence et la dysfonction érectile peuvent imposer des limitations importantes à la vie quotidienne, notamment en ce qui concerne l’intimité et l’estime de soi. Les études montrent que les partenaires sont plus satisfaits lorsque la continence et la fonction sexuelle du patient sont restaurées. Une enquête révèle que 92 % des partenaires se disent satisfaits lorsque les patients ont bénéficié d’un sphincter artificiel et d’une prothèse pénienne (Van Huele et al., 2023).
Pas de compromis : traiter les deux problèmes
L’un des plus grands défis dans le traitement des patients atteints de cancer de la prostate est le choix entre la restauration de la continence et celle de l’érection. Les recherches montrent qu'une approche combinée, où un sphincter urinaire artificiel (AUS) et une prothèse pénienne gonflable (IPP) sont implantés simultanément, est sûre et efficace. Cette procédure permet de gagner du temps et de réduire les coûts (Mykoniatis et al., 2020). Le risque de complications, comme les infections, n'est pas plus élevé avec une implantation combinée, à condition qu'elle soit réalisée par des chirurgiens expérimentés (Van Huele et al., 2023).
La climacturie : un problème supplémentaire
En plus de l’incontinence à l’effort et des dysfonctionnements érectiles, une autre complication courante est la climacturie, une forme d’incontinence associée à l'orgasme. Cette affection survient chez 15,7 % à 93 % des hommes ayant subi une prostatectomie radicale (Mykoniatis et al., 2023). Elle peut avoir un impact important sur la satisfaction sexuelle, entraînant des sentiments de honte et une diminution du plaisir.
Importance d’une intervention rapide
Il est essentiel de ne pas retarder le traitement de ces affections. Les patients qui attendent trop longtemps risquent de développer des complications, telles que l’atrophie urétrale, rendant les opérations de révision plus risquées (Mykoniatis et al., 2020). Le retard augmente aussi la charge psychologique pour le patient et son partenaire, augmentant le risque de dépression, de problèmes relationnels et d’isolement social.
La voie chirurgicale : une approche intégrée
L’implantation combinée d’un sphincter artificiel et d’une prothèse pénienne gonflable peut être réalisée via une seule incision, réduisant la durée de l’opération et limitant les complications. La durée moyenne de la procédure est d’environ 45 minutes, avec une satisfaction accrue des patients et de leurs partenaires (Van Huele et al., 2023). Des études révèlent que 96 % des patients deviennent socialement continents (moins d'une protection par jour) et que leurs érections sont suffisantes pour avoir des rapports sexuels (Mykoniatis et al., 2020).
Une option chirurgicale pour la climacturie est la technique de la « Mini-Jupette », où une bandelette est placée avec une prothèse pénienne. Cette technique, conçue par le professeur Robert Andrianne, vise à réduire les fuites urinaires pendant l'activité sexuelle. Les recherches montrent que la Mini-Jupette réduit efficacement la climacturie, avec 65 % à 93 % des patients rapportant une disparition des symptômes (Mykoniatis et al., 2023).
Conclusion : La qualité de vie avant tout
Le traitement du cancer de la prostate ne se résume pas à la survie, mais aussi à assurer une bonne qualité de vie. En traitant simultanément l’incontinence et les troubles érectiles par une approche combinée, les patients peuvent retrouver une réhabilitation complète. Les professionnels de santé doivent s'engager à offrir des traitements rapides et complets, sans compromis entre continence et fonction sexuelle.