Les hommes de plus de 60 ans atteints d'un cancer de la prostate à faible risque bénéficieraient davantage d'une surveillance active que d'un traitement médical, selon deux nouvelles études européennes présentées vendredi au congrès annuel de l'Association européenne d'urologie (EAU). Les personnes touchées par la maladie pourraient passer dix ans sans traitement actif tout en ayant très peu de chances de mourir de la maladie.
La surveillance active vise à éviter le traitement inutile de cancers inoffensifs tout en fournissant un suivi régulier via des examens PSA (antigène prostatique spécifique), des imageries par résonance magnétique (IRM) ou des biopsie s pour s'assurer une détection rapide de tout signe de progression. L'optique étant d'épargner au malade les effets secondaires des traitements contre le cancer. Évidemment, en cas d'aggravation des risques cancéreux, une réaction médicale plus lourde est nécessaire.
La première étude, menée conjointement par les universités suédoises de Göteborg et d'Uppsala, s'est basée sur les données du registre national du cancer de la prostate qui contient des informations sur pratiquement tous les hommes chez qui la maladie a été diagnostiquée dans ce pays depuis 1998. Parmi eux, 23.649 ont été placés sous surveillance active.
"Nous voulions identifier les vrais gagnants de la surveillance active. Après soixante ans, si votre cancer est à faible risque, le suivi actif est vraiment bénéfique. Les patients passeront la plupart de leurs années restantes sans traitement si la maladie est soigneusement suivie.", a expliqué Eugenio Ventimiglia, urologue à l'hôpital San Raffaele de Milan (Italie) et doctorant au département des sciences chirurgicales de l'université d'Uppsala (Suède).
La deuxième recherche s'est appuyé sur les données de l'étude EUPROMS (Europa Uomo Patient Reported Outcome Study) pour analyser la qualité de vie liée au cancer de la prostate, notamment sur la question de la sexualité. Un peu moins de 3.000 hommes de 24 pays européens ont été sondés.
L'enquête a montré que moins de 45% des hommes sous surveillance active ont signalé des problèmes d'érection, contre 70 à 90% des hommes sous d'autres traitements. "L'absence de fonction sexuelle affecte la qualité de vie des patients plus que tout autre effet secondaire signalé. L'enquête montre que, de toutes les options thérapeutiques possibles, la surveillance active est celle qui a le moins d'impact sur la fonction sexuelle", a expliqué Lionne Venderbos, chercheuse au centre médical Érasme à Rotterdam, qui a analysé les résultats de l'enquête.
Pour pouvoir bénéficier des avantages de cette surveillance, il est néanmoins nécessaire de parvenir à diagnostiquer la maladie à son stade précoce. "L'option de la surveillance active devrait encourager les hommes à surmonter leur réticence à subir un test de dépistage du cancer de la prostate. Plus le diagnostic est tardif, plus les traitements sont sévères et plus l'impact sur la qualité de vie sera important." conclut Hendrik Van Poppel, professeur émérite d'urologie à la KU Leuven.